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Les Bijoux de Constance
Les Bijoux de Constance
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5 novembre 2007

Une histoire de perles, suite

...Donc, j'embraye sur mon message d'hier, j'embraye dans la Chose, elle et moi traversons Venise, on se gondole. ( Si vous voulez comprendre quelque chose, lisez le précédent message, à moins que vous n'aimiez une lecture surréaliste... ). J'arrive sur les lieux du rendez-vous à l'heure dite, c'est assez sinistre, une maison un peu isolée, de l'espace vague autour, des camionnettes, des roulottes, des caravanes, des ferrailles... Guère le temps d'analyser, déboulent ceux qui sont chargés de m'accueillir, pitbulls et rottweilers en équipée. Je ne suis pas descendue de la Chose, d'ailleurs c'est la dernière chose que je désirerais faire! Je l'aime, soudain, la Chose. A cette époque, la vitre ne s'est pas encore jetée tête la première dans le gouffre insondable au sein de la portière, aussi je la remonte, car les bêtes se jettent contre l'emplacement susdit heureusement circonscrit par la vitre! J'attends la suite du comité d'accueil, je n'ai pas coupé le moteur, sait-on jamais. Sortent, quelques minutes après, d'une des roulottes du fond, deux gars impressionnants, torses nus et tatouages, marquages au cambouis compris, brandissant des clefs à mollette dans chaque main. J'aime de plus en plus la Chose, je ne la quitte pas. Ils viennent, me font signe d'ouvrir, les chiens rugissent toujours. Je m'explique. Ils me disent que le broc va venir, qu'ils vont l'appeler, il est chez lui - pourquoi, on est donc où? mais je me dis ça en aparté... Je peux l'attendre, je verrai bien arriver le camion, ils reviendront à ce moment-là. Ah. Mais ne vous dérangez pas pour moi. Ils me disent, si je veux venir avec eux, dans la roulotte. Sans façons, je peux rester là. Ils me disent de me garer, s'écartent un peu.
  Comme par hasard, je gare la Chose dans le sens du départ, non loin de la route, presque au bord. Pense à ma sottise. Bien sûr je peux accélerer et partir ( si, la Chose peut accélerer, qui en doutait? ). Mais c'est peut-être tout aussi stupide. Jolie légéreté, d'annoncer que je viens seule avec du liquide, j'ai même sur moi chéquier, CB, tout ce qu'il ne faut pas, et, pire, les copies de bac que je viens de retirer! A quoi pense un prof qui se sent dans un traquenard, à ce qui se produira si les copies de bac disparaissent corps et biens dans l'aventure...
  Le broc arrive, il n'est pas aussi chaleureux que sur la foire. Il me demande si je suis bien seule, je n'aime pas sa question. Les potes et les chiens sont déjà là, sur mes talons - si, je suis en talons. Il y a des marteaux, en plus des clefs, un copain veut en donner un gros au brocanteur, non ça va, c'est vous qui vous chargez de ça les gars. De ça, quoi? Je n'aime pas sa réponse non plus. Il me fait passer devant, "c'est au sous-sol qu'ça s'passe, y'a pas de lumière, la maison est pas habitée". Que vous dire? J'ai le coeur plus serein quand j'entre chez Lukes, Louis Perles ou La Boîte à Perles. Il y a un parcours du combattant dans un carphanaüm à l'odeur âcre, les chiens ne me lâchent pas, on passe à une pièce en fond, c'est plus clair, on y voit quelque chose par des ouvertures hautes. C'est très grand, avec des sacs en plastique et des casiers par terre, un peu partout. J'ai flairé les perles, j'oublierais le reste! Il congédie les potes, qui insistent, t'es sûr qu'on reste pas, on revient dans cinq minutes, et puis on reste devant, tu appelles.
  Et puis le tri des perles, la surprise devant le nombre, le lot immense - je ne trahis rien, il a dû tout vendre depuis, ne le cherchez pas. Il ne les gardait pas chez lui, peur d'être cambriolé. Un investissement sur un coup de tête. Il me raconte. A une vente, un casier en plastique, des sacs plastiques dedans, il n'a pas pu voir le contenu, les autres non plus, il voit des perles sur le dessus, personne n'enchérit vraiment, il prend le lot. Je frémis à l'idée de l'affaire qu'il a dû faire! Il apprend qu'il y en a d'autres, il prend les coordonnées du vendeur, s'en va. Il regarde les perles, il voit que le casier en est plein, il n'y connaît rien, se dit que ce n'est pas du plastique. Et là où ça devient fou, c'est qu'il embarque un pote, le camion, et déboule sur Grenoble pour voir le reste. Un atelier-boutique de créateurs resté fermé pendant une éternité et les bijoux, les perles, les fermoirs. Il a tout pris, plusieurs dizaines de milliers d'euros d'un coup, pour vider le vieux magasin.
  Et la vente par petits bouts, les colliers et les sautoirs tout faits se vendent bien, il y a d'étranges modèles en étain, ils plaisent, il ne lui reste presque plus que les perles. On lui a dit que c'étaient des modèles faits sur demande pour les créateurs, d'où le nombre colossal. Vente sur les brocantes et des rachats de "pro", comme il dit, et puis des promesses sans suite. Je sens qu'il  me vendrait bien le tout, je suis tentée, mais il faudrait vraiment un magasin de perles pour écouler tout ça! Les potes reviennent voir s'il va bien, il répond "je gère, les gars, vous bilez pas". Quelques incursions, puis ils ne viendront plus. Ils surveillent seulement que quelqu'un que j'aurais rencardé ne survienne pas. Car c'est ça, le broc avait peur. D'où le plan, les potes en démonstration, les molosses. Mais je ne lui ai pas tendu un piège - dire qu'il me semblait que c'était lui! Il me montre tout, je reste longtemps, j'en prends tant et tant, il m'aide, il est redevenu normal. Il m'emmènera chez lui, ensuite, me montrer le reste, quelques pièces qu'il avait gardées, dont des parures, dans la valise de démonstration d'origine. Je prends quelques-unes de ces pièces qui n'étaient pas à la vente, il m'explique que son gamin adorait ces perles pour épater les potes avec ses billes en or... Non, les copies de bac n'ont rien, il me reste à les corriger, mais j'ai vu un trésor d'une ampleur époustouflante!

OO3d

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Commentaires
C
(rire) Oui, c'est une addiction, je sais bien! j'ai remarqué que l'approche de belles perles me donne des sensations physiques, c'est frappant; c'est d'ailleurs à l'intensité de la sensation que je comprends la beauté des trouvailles (comme c'est au cri que je pousse que je suis sûre de faire la différence entre un simple mulot et un rat, je crie avant d'avoir compris ou observé quoi que ce soit!). Je n'ai même pas besoin de les sniffer, les perles...
P
Oui, vraiment pour prendre de tels risques, faut être totalement accro ! <br /> <br /> Ahh!!! un bon rail de perles ;)m'enfin n'essaie pas de les sniffer quand même!
C
Merci merci, pour votre visite et pour votre enthousiasme ( et si vous voyiez les perles en vrai! )
L
bonjour !<br /> <br /> j'ai trouvé votre récit passionnant et vos tiroirs emplis de perles sont de vrais trésors qui font rêver !
C
Grand merci de ton commentaire, et très honorée de la visite d'une reine...
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