Une histoire de perles

  Ne m'encouragez pas à raconter des histoires de perles, car j'en aurais beaucoup! Je vous en livre une... Comment j'ai trouvé les trésors de perles que je vous ai montrés hier, notamment celles-ci :

Tout d'abord, un petit mot dans mon casier, une ex-collègue qui me laisse une carte de visite, un brocanteur qu'elle a rencontré, qui a des perles ( heureusement qu'il y a un réseau pour aider les passionnés, merci-merci! ). Je la contacte, elle m'explique que les perles sont présentées comme des Murano, elle n'y croit pas une seule seconde, surtout à ce prix-là, que le brocanteur ne s'y connaît pas du tout, et qu'il y en a beaucoup, vraiment beaucoup, mais toutes des mêmes modèles. Lots de perles industrielles, made in China tombées d'un camion ? Pas découragée, je contacte le bonhomme. Oui, il a des perles. Non, je ne pas peux les voir quelque part. Non, je ne pas peux venir chez lui. Pas découragée, j'insiste. Il accepte de me dire où il sera dans les jours à venir. J'insiste, j'irai à la foire en question, je suis vraiment acheteuse si elles sont belles, j'insiste pour qu'il ait les perles, en grand nombre... Vous me trouvez insistante? Pas déjà... Le jour j, un lundi de Pentecôte, je traverse la Haute-Saône, c'est beau, je ne me souvenais pas qu'il y avait tant de kilomètres, il fait beau, j'arrive dans la bourgade sans charme, damned, c'est la plus grande foire de l'année en Franche-Comté, des centaines de professionnels, un immense vide-grenier en même temps, comme je le retrouve, mon rendez-vous, moi ? Il m'avait dit "vous me trouverez, il y a des perles". Certes... C'est à peu près comme les Puces de Saint-Ouen la première fois, on se sent minuscule. Je fais déjà 1mètre54, alors. Bien sûr j'interroge les brocanteurs. Personne ne sait, ni ne connaît, on me rabroue facilement, s'il fallait connaître des centaines de collègues. J'essaie une autre stratégie, il y a bien une organisation, quelqu'un qui a un plan d'installation ? apparemment pas, en tout cas on me dit s'être posé au fil des arrivées. Quelqu'un me conseille d'aller vers la buvette, d'y dénicher un des responsables, qui n'auraient rien d'autre à faire que boire des bières. L'info me paraît raisonnable... Je franchis des allées - attirantes... - je coupe vers la buvette, c'est sûrement l'heure de l'apéro, et là, juste, oups! ( oui, je parle le Britney Spears couramment... ) des perles! C'est LUI! Je crois que c'est le premier mot que j'ai dit, "c'est vous", il m'a répondu "c'est moi"!
  Là, vous commencez à comprendre pourquoi les éditeurs refusent toujours mes romans...
  Les perles sont peu nombreuses en modèles, certes, mais malgré tous mes voyages à Venise, toutes ces années aux Puces, et tous mes réseaux d'antiquaires/brocanteurs, pour la plupart je ne les ai jamais vues. Des Murano anciennes avventurine véritable au motif floconneux lattucine vert anis, vous connaissiez, vous ? Et elles sont vraiment artisanales, et celles à la feuille d'or sont des merveilles, elles sont bien prises, les feuilles, dans les couches de cristallin, sans qu'elles aient fondu, et d'une pureté magique.

Bien. Ils vont commencer leur repas, là sur leur stand, en tout cas c'est l'heure de l'apéro. Me vendre des perles, oui, mais rapide, on ne va pas commencer à compter des dizaines de pièces, non ? Non, j'en veux juste des centaines, des milliers. Alors me voilà partie dans de longues additions, comptant les perles, les marquant, avec les prix, je calcule au portable, fais mes totaux, en reprends, continue... Heureusement, des copains du broc s'inquiètent, lui il a confiance, oui, elle fait ce qu'elle veut, elle veut les perles... Ils sont sympas, sa nana, ses potes, je les dérange un peu même si je me fais très petite ( aucune difficulté pour ça ), je remplis des tup de perles, je suis aux anges. J'ai pris la précaution de proposer de payer une partie tout de suite, pour rassurer le marchand, mais non, plus cool qu'il ne me semblait au téléphone. Il ne vérifie ni mes comptes, ni le nombre de perles, me montre un petit casier qu'il tenait caché, de belles choses, beaucoup plus chères, me dit qu'il faudrait voir le reste... Je file les quelques centaines d'euros prévues, je saute sur l'occasion, oh oui, je veux voir! Il m'explique qu'il n'y a rien d'autre, mais que je peux téléphoner, ça peut se faire. Je reste intriguée, il faut voir ou pas "le reste" ?
  Je les laisse à leur fin de repas, tourne dans cette foire immense, j'ai faim, j'ai soif. Beaucoup de choses me séduisent, mais j'ai une seule pièce pour y vivre, y travailler et y créer, et elle est pleine. Deux ou trois heures après, je reviens comme par hasard sur le même stand, je finis mes derniers euros, je meurs de faim et de soif mais j'ai choisi les perles! Je ne mangerai pas ce jour-là. (Si, le soir, quand même!)
  La Chose et moi, nous rentrons. C'est beaucoup plus loin qu'à l'aller, le ventre creux. Mais je ne vais pas m'arrêter là... Je profite d'être sur Besançon pour les oraux de bac, j'appelle le broc. Il se souvient bien de moi. Venir voir les perles ? Pas comme ça... D'ailleurs il n'y en a pas d'autres. J'insiste, je ne le dérangerai pas pour rien, je veux en acheter encore, et toujours en liquide cash, à ses conditions... Il fléchit un peu... Alors vous m'appelez, on verra... Mais je vous appelle là, je viens dès que vous pouvez, ce soir, demain... Appelez-moi... C'est ce que je fais!
  Allô, est-ce qu'il reste une lectrice sur la Toile ?
  Et mon histoire n'est pas finie! J'obtiens un rendez-vous, pas pour sitôt, quand même. Il me file une adresse. Ce ne sera pas son adresse. Je ne connais pas, mais j'irai. Au lycée, je demande aux Bisontins s'ils connaissent. Un collègue qui était sur le Net à ce moment-là, rentre gentiment la demande. Il me dit : "c'est après Venise". Je lui réponds, ah chouette, j'adore Venise, et puis c'est logique d'y trouver de belles perles. Le collègue me demande : "ah, tu connais Venise, et c'est beau?" Merveilleux, réponds-je, commençant à décrire Venise...

Il a coupé l'ordi. Mince, j'aurais voulu voir la carte, quand même, pour trouver ce Venise-là. Il me répond, mais puisque tu connais déjà... Ah, l'or des palais, le Grand Canal, les mosaïques de Saint-Marc, à trente bornes de chez lui...! C'est beau de croire au Père Noël, à des Venise partout...
  Ultime épisode : la Chose et moi, nous traversons Venise. Je me gondole - et la Chose encore plus, mais elle ce n'est pas de rire, ce sont les froissements de ses portières avec des seins, au fait! cela m'a valu une chouette requête Gooooogle cette histoire-là, "constance aux seins". Et pourquoi me gondolè-je? Parce que franchement, Venise n'est que très peu ressemblante à Venise...

   

"Devinez c'est laquelle", celle-ci, comme disent des générations d'élèves - mais que font les profs de français ? Ah oui, ils se gondolent en Franche-Comté, pas tous les jours quand même. Mais je n'avais vu ni le pire ni le meilleur, ce sera pour le village suivant, et... pour le message suivant!

Comments

[Constance]

Oui à tout, les filles! Oui les perles sont merveilleuses, et oui je suis tenace comme un pitbull quand je m'y mets!

[kahlan]

Un vrai roman d'aventures !!!!!! On peut dire que tu as de la ... Constance... hi, hi......

[safroune /Audrey]

aaaahhhhhhh je veux connaître la suite !!!!!!
et je n'aimerais qu'une chose.... plonger les mains dans ces magnifiques perles et les toucher !!!!!!! elles sont superbes en photo, je comprend que tu ais craqué en les voyant !! Et tu as eu raison d'insister !!!!!