Un jour une photo

  L'Estaque, reflets de la belle lumière d'hiver, février 2014.

 L'Estaque, le Vieux-Port, le Vallon des Auffes: ce sont mes trois ancrages fétiches en bord de mer, les endroits où la beauté l'emporte, où la lumière se convie sans façon, en toutes saisons. Marseille est par bonheur un vrai port, avec les grands bateaux qui échangent sur l'eau, un port avec l'autre, une rive pour l'autre, et aussi avec des petits ports de pêche, en plus de l'inévitable flottille de plaisance. Et c'est toujours une merveille d'aller au pied d'un phare, de n'entendre plus que la mer, d'être pris dans cette translation souple des lieux, cette circulation marine comme une sève iodée. On est en plein coeur urbain, à quoi, un quart d'heure de chez soi -et imménsément ailleurs, démesurément ailleurs sur ces môles. Un bonheur aussi de faire trois quarts d'heure de marche, à travers les rues et déjeuner dans le si italien, si marseillais donc, Valllon des Auffes, ou bien à Malmousque, ou à la Fausse-Monnaie. Le voyage, pas tout à fait immobile, mais chez soi, juste pendulaire, trois quarts d'heure pour y être, le temps de la contemplation et des bonnes choses ensuite, puis une heure pour revenir par le front de mer en ayant absorbé toute la lumière, toute l'énergie, tout le bleu. On est de retout de chez soi avec toujours la surprise au coeur et à l'âme d'un ailleurs si proche et si dense. Et la prochaine fois, promis, on prendra la pizza aux supions, ou le duo de rougets et de gambas frais à la tapenade, à la bohémienne et au mesclun...