Des roses vénitiennes
Bonjour, vous... Le week-end s'annonce, il fait un temps estival, les jardins sont beaux, c'est toujours la saison des roses, alors je vais leur faire un peu de place sur ce blog, comme je leur fais beaucoup de place dans mon grenier.
Dimanche 24 Avril 2011, campo San Vidal, Venezia.
Imaginez une intersection des passions : Venise - roses - perles... Croyez-vous que j'aie pu y résister ?
( Sachant que je résiste à tout, c'est important la résistance, c'est une valeur absolue ; ainsi, je résiste à tout et ne cède à rien, sauf à la facilité et à la tentation... )
Donc, je revenais d'une longue promenade, et passais près des Frari, à Venise, admirant une nouvelle fois l'entrée de la Scuolà Grande San Rocco, où j'avais eu le bonheur, au début du séjour, d'assister à un concert magistral du Brussels Philarmonic, sous la direction charismatique d'Hervé Niquet - un bonheur absolu, dans un lieu aussi sublime, c'était tout bonnement inoubliable!
Donc, je revenais d'une longue promenade et passais le long de l'église San Rocco, et juste après ces deux merveilleux lieux, un petit antiquaire, et quelques perles dans la devanture. Dont, des roses... J'entrai, et admirai quelques perles, au prix dûment millésimé et tout bonnement assez exorbitant. Mais les roses de la vitrine m'attiraient, des roses délicates dans une toute petite corbeille, mon instinct me disait que c'étaient aussi des perles.
Il m'a fallu lier un peu connaissance avec la maîtresse des lieux, faire le tour de ce qu'elle me montrait, que je n'avais pas vraiment l'intention d'acquérir, parler de mon engouement pour les perles et pour les roses, montrer ma carte (non, pas ma carte bancaire, elle ne la prenait pas, ma carte de bijouteuse, avec la photo d'une création), et la glace était brisée ou avait fondu ( non, je ne parle pas de celle que je venais de manger, depuis presque dix jours j'avais repéré ce glacier des Frari et projeté de le tester, ce ne fut pas la meilleure du séjour mais elle était assez délicieuse néanmoins et c'eût été vraiment dommage de la briser comme de la laisser fondre ailleurs que tout contre les papiles! ).
J'ai omis de dire que la dame ne parlait ni anglais ni français, et comme je ne parle pas l'Italien, il vous est facile d'imaginer le côté hasardeux de cet échange, comme tant d'autres d'ailleurs, "all'avventura", comme pour les perles aventurines, au petit bonheur, au gré du hasard et aventureux.
Donc, elle alla chercher la petite corbeille convoitée, dans la vitrine aux mille objets précieux, et me laissa prendre avec délice les parfaits boutons de rose, un à un, pour les contempler, les comparer...
En effet, comme ils sont anciens et travaillés à la main, chaque exemplaire est à la fois ni tout à fait le même ni tout à fait un autre, pour paraphraser Verlaine. La maîtresse des lieux me proposa un prix si j'en prenais trois, et il me fallut faire un choix - prendre, ce n'est jamais difficile, mais laisser tous les autres!!
Ces petites roses parfaites ont bien sûr une histoire... Elles ont été créées dans un petit atelier tout près de là, aux Frari, dans les années 40 à 50 - dans cette époque d'engouement pour la création de roses aux boutons très longs et turbinés, qui étaient alors vus comme une élégance suprême. On voulait des pétales longs et serrés qui enlacent le coeur de la fleur comme on avait longtemps aimé les femmes prises dans un long fourreau de soie. Le créateur de ces perles-roses devait aimer les roses et les femmes, et avoir le désir de mettre dans ses roses la couleur de Venise, car on retrouve les nuances de la tempera des palais dans leurs pigments... Elles seraient, ces roses, en céramique, faites à la main bien sûr, avec un mélange personnel de pigments naturels, et témoignent d'un lieu et d'un temps, d'un art de vivre et d'aimer, tout simplement.
J'ai pris deux exemplaires très proches en rose, de ce bois-de-rose un peu corail qui est très vénitien, voici le second :
Encore davantage turbiné, et d'une couleur de lèvres ou de baiser...
Pour le troisième, j'hésitai beaucoup entre une couleur corail-chamoisée, élégante comme certains tons de rouge à lèvres, et très proche là aussi des couleurs de Venise elle-même - et un jaune, presque doux, entre le minéral et le floral.
J'ai pris le bouton de rose jaune :
Et la dame, fort généreusement, me dit de prendre une autre rose, qu'elle m'offrait. Je ne me suis pas fait prier, ainsi je ne regretterai pas le ton corail-chamoisé, si joliment élégant :
Le coloris "en vrai" est un peu moins vif que sur mon écran, qui est définitivement rose foncé ( un problème de défaillance de mon ordinateur ) ; elle semble faite, cette rose, tout simplement, d'un peu de Venise elle-même, la teinte des briques et celle des murs aux pigments de terre naturelle...
Dimanche 24 Avril, Campo San Vidal, Venezia.
C'est sur ces visions de roses que je vous quitte et vous embrasse ; à bientôt?
...Fausse sortie, "Edit du soir", comme disent les pros...
Les roses vénitiennes ne sont pas les seules à être belles, les roses de boîte à lettres ont beaucoup de charme elles aussi :
Prise en photo voici quelques minutes à la fenêtre de mon grenier et à la nuit tombante, ma jolie compagne du jour et de la nuit est douce, blonde et corail tendre. Merci à celui qui me l'a destinée, et aussi à tous les passants qui l'ont laissée attendre quelques heures sans s'en emparer! car cela aussi est assez magique.